L’art du commit

Lors du Netfilter Workshop 2007, j’ai eu le plaisir de revoir Patrick McHardy et la chance de rencontrer David Miller (Davem) le mainteneur de la couche réseau de Linux.

Patrick envoie assez souvent des séries de patchs impressionnantes à Davem pour demander leur intégration dans le noyau officiel. L’ensemble des contributions des développeurs de Netfilter qui est ainsi transféré lors de ces envois.

Lors d’un des repas, j’ai cité à Davem l’un des plus gros envois de Patrick et je lui ai demandé ce qu’il ressentait lorsqu’il recevait une telle série de patchs. Sa réponse a été rapide :

Je sais que ma journée est finie

Son sourire en disant cela m’avait marqué et je viens de le comprendre en lisant le dernier envoi de Patrick.

Le premier mail de la série est intitulé :

[NETFILTER 00/49]: Netfilter update

Il comporte notamment une série impressionnante de 35 patchs de la main de Patrick. Parmi ceux-ci un gros travail effectué sur nfnetlink_queue, sujet dont je m’occupe particulièrement. J’ai donc relu l’ensemble des patchs pour voir de quoi il en retournait.

Le découpage des patchs est minutieux, chacun est la réponse à un objectif simple clairement précisé dans l’en-tête du mail. Si l’explication n’est pas suffisante, celle-ci est complété par un texte plus long qui avance les raisons des modifications. Prenons par exemple le patch 46. Le mail correspondant commence par :

[NETFILTER]: nfnetlink_queue: remove useless enqueue status codes

The queueing core doesn’t care about the exact return value from
the queue handler, so there’s no need to go through the trouble
of returning a meaningful value as long as we indicate an error.

Le sujet avance l’idée globale et le paragraphe suivant explique clairement les motivations. Comme le patch comporte uniquement cette modification, il est facile de le lire pour comprendre comment cela a été fait et si cela l’a été bien.

Je comprends donc bien le sourire de Davem, travailler avec quelqu’un comme Patrick McHardy est un régal. Un exemple à montrer dans toutes les écoles.

Ariane et Barbe-Bleue, Fermez le rideau

Je sors d’une représentation de Ariane et Barbe-Bleue qui n’a pas été épargnée par les critiques tant au niveau de la musicalité que de la mise en scène. Je passerais complètement le premier aspect pour me concentrer sur le travail de madame Viebrock. On peut s’offusquer de cette réalisation sur plusieurs modes :

  • En mode radin, cela peut donner :

Quoi ? une place à ce prix là pour voir une friche industrielle post-communiste.

  • En mode hardcore gamer :

Pas mal, la minimap à droite mais bon ça n’aide pas à jouer.

  • En mode bouché :

J’ai rien compris, c’est la suite d’X-men ? elle soigne les blessures du mec à distance là ?

Bon, j’arrête les plaisanteries reservées aux pauvres ères ayant vus ce spectacle pour retomber dans une critique un peu plus argumentée. La mise en scène est minable. Euh, non ce n’est pas argumenté ça. Je reformule. Elle est nulle. Exemple, le texte est très très descriptif :

Et je te prends dans mes bras !

Dans l’absolu, rien à dire, bien chanté ça peut être interessant mais alors quand le personnage qui dit ça est à 10 mètres de celui qu’elle est censée enlacer, cela fait désordre (cf le mode bouché). Je conçois qu’un metteur en scène prenne des libertés avec le texte mais si cela sert sa mise en scène. Dans le cas de Ariane et Barbe Bleue par Mme Viebrock, ce genre de décalage semble complètement arbitraire.

Pour ce qui est du décor, c’est un espèce de loft post industriel sans les fringues de Loanna. D’ailleurs pour renforcer cette composante people, des images filmés de la représentation sont diffusées sur un écran géant occupant le côté droit de la scène (cf mode hardcore gamer).

Bref, une mise en scène déplorable, un décor et des costumes d’une laideur impressionnante (cf mode radin). J’ai donc essayé de fermer les yeux pour apprécier la musique. Malheureusement, je me suis couché trop tard hier et j’ai donc failli m’endormir. La prochaine fois, je demande à ce que l’on ferme le rideau ou alors devenu prudent je prends mes lunettes de soleil.

Ce n’est en effet malheureusement pas la première fois que l’Opéra de Paris présente des réalisations aussi minables et prétentieuses. Je me souviens notamment d’un Iphigénie en Tauride où le metteur en scène semblait se moquer de l’oeuvre. J’ai d’ailleurs eu la même impression aujourd’hui. Lors d’une des scènes les plus dramatiques, les femmes chantent :

Ouvrez-lui la porte, pour l’amour de Dieu

L’écran géant quant à lui affichait au même instant :

Au clair de la lune …
Ouvrez-lui la porte, pour l’amour de Dieu

Révélateur. Ce n’est peut-être pas encore du grand Guignol mais l’ami Pierrot est déjà là.

Sarkozy veut priver les enfants ayant des parents malades de Noel

Ce titre est injuste car partiel et incomplet. J’aurais du écrire :

Sarkozy veut priver les enfants ayant des parents malades de Noel pour pouvoir soigner les personnes agées.

En effet, le président a annoncé fin juillet la création d’une franchise médicale pour lutter contre la maladie d’Alzheimer. Cette mesure prévoit de faire payer jusqu’à 50 euros par an, les assurés sociaux ayant eu recours à des soins ou à des médicaments. Un tollé, comme d’habitude limité à Internet et à la presse et sans contre-attaque claire de l’opposition, s’est bien sûr produit en réaction avec notamment une pétition que je vous invite à signer si vous aimez les petits enfants et que vous voulez qu’il aient des cadeaux à Noel.

Vous allez me dire que je mélange tout :

Pourquoi est-ce qu’il parle de cadeaux de Noel, d’enfants démunis alors qu’il s’agit d’un problème de remboursement de soins ?

C’est simple, j’utilise la même technique que le gouvernement et notre président. Lors de la suppression du lundi de Pentecôte, on nous avait déjà joué la rengaine : Nous devions tous nous sacrifier un peu pour sauver la vie des personnes agées. Que dire contre une telle mesure, nous ne sommes pas des salauds irrespectueux de nos ainés et nous ne pouvions donc qu’abdiquer et accepter cette mesure de préservation d’une espèce pourtant loin d’être en voir d’extinction. Cette fois-ci c’est pire, car la solidarité est encore plus ciblée :

Oh toi qui est malade, tu connais le sens de la douleur, donne donc de ton argent pour les personnes agées.

C’est, si l’on y regarde bien, le sens de cette mesure. D’une certaine manière, Nicolas Sarkozy transpose le célèbre Pas de bras, pas de chocolat dans le domaine égalitaire et républicain de l’assurance maladie.

Mac Donald et l’écologie

Bon, vous allez me dire qu’il y a sans doute un rapport aussi dense entre les deux qu’entre un pape et un mode d’emploi de préservatifs. Je continuerai pourtant.

La dernière campagne publicitaire de Mac Donald comporte une publicité qui a fait réagir certains :

Non au réchauffement de la clientèle (nos restaurants sont climatisés)

Ceux qui ne voient toujours pas le rapport peuvent essayer de se rappeler une ritournelle de notre temps, le “réchauffement de l’atmosphère”. Voilà donc, Mac Donald qui sort un slogan pour promouvoir la présence de climatiseur dans ses restaurants en détournant une phrase écologiste.

Deux possibilités s’offrent alors :

  1. Les publicitaires ignorent que les climatiseurs ont un équilibre écologique très contestable. Et donc, il s’agit d’une boulette.
  2. Les publicitaires savent que les climatisations sont très consommatrices de courant éléectrique et dans ce cas il s’agit d’un jemenfoutisme avancé de cette société. Un retour du “le client d’abord, la santé de la planète après”.

Cela est, dans les deux cas, pathétique, soit par nullité, soit par cynisme.

La révolution Vélib

Loin des poncifs rabattus sur l’inaction des politiques et leur incapacité à changer les choses, les élus locaux sont souvent capables de changer la vie de leur concitoyen. J’en tiens pour preuve le projet des Vélib qui reconstruit le rapport des parisiens avec leur environnement. Une nouvelle façon de se déplacer émerge, facile et pratique. Merci donc à la mairie de Paris ! Merci aussi à eux pour les couloirs de bus qui prennent une autre dimension lorsque l’on est à vélo !
Je profite de l’occasion pour, une fois n’est pas coutume, remercier un homme politique de droite, Alain Juppé. Merci donc à lui pour son travail sur la piétonnisation de Bordeaux qui a rendu cette ville bien plus habitable qu’elle ne l’était.

Les logiciels libres et la confiance

J’ai donné une conférence lors de la Journée Logiciels libres et sécurité organisée par le Cetril. Cela m’a permis d’assiter à la conférence de Nat Makarevitch sur la sécurité des systèmes basée sur des logiciels libres. Il a relevé avec justesse l’augmentation des attaques sur les sources de certains logiciels libres et la tentative d’inclusion de backdoor. Une des meilleures solutions à ce problème repose sur la signature gpg des archives et des paquets des distributions ce qui permet de garantir la provenance des données téléchargées.

Cependant, la signature d’un paquet sur une distribution ne garantit pas que les sources à partir duquel il a été compilé étaient saines. Le problème de la confiance est donc juste décalé. Il semble donc important que les développeurs systématisent la signature des archives mises à disposition sur leur site. Une lacune reste alors à combler : le modèle de confiance de gpg étant basé sur les cercles de confiance (qui impose une rencontre physique), il parait difficile de parvenir à constituer des liens suffisamment proches entre les développeurs et les distributeurs pour garantir la validité des signatures.

Dans le contexte d’une distribution comme Debian comportant un nombre très important de développeurs, il semble envisageable de parvenir à constituer un tel cercle si cela devient un mot d’ordre au sein des développeurs. Pour des distributions ayant moins de contributeurs, la tâche semble plus ardue.

Réponse de Nicolas Sarkozy au questionnaire de candidats.fr

Finalement, et contrairement à ce que j’indiquais dans mon dernier message, Sarkozy a répondu au questionnaire.

Mais sa réponse est telle que l’April se montre très inquiète. Il y a de quoi tout y est. Les brevets logiciels c’est bien, la propriété intellectuelle et la propriété privée c’est pareil. J’arrête là.

Malheureusement, après DADVSI, la LEN, il semble que Sarkozy ne veuille pas en rester là. Le monde affirme même qu’il nous prépare “Big Brother”.

Sarkozy, tueur de TuX

L’initiative candidats.fr a été un succès mais le candidat Sarkozy n’a pas répondu au questionnaire malgrè son engagement lors de Solution Linux. Il brise ainsi une promesse avant même la date de l’élection.

Dans le même temps, le discours tenu par les représentants du candidat UMP font peur, notamment en ce qui concerne la loi DADVSI :

La protection du droit de propriété est essentielle pour Nicolas Sarkozy, et sa conviction est inébranlable en la matière. Nous ne considérons pas aujourd’hui que les droits des consommateurs soient lésés.

J’en appelle donc à la responsabilité de chacun. Votez à l’élection présidentielle, il pourrait tenir certaines promesses!

Sarkozy tueur de Tux

L’UMP et l’orthographe

À des fins rédactionnelles, je me suis rendu sur le site de l’UMP pour découvrir avec stupeur que leur slogan est :

Imaginons la France d’après

Je n’ose imaginer qu’il n’y ait pas de faute d’orthographe. En effet si on prend le texte tel qu’il est écrit, c’est grave : cela fait 5 ans qu’ils sont au pouvoir ; en être encore à imaginer c’est absurde. Je pense donc qu’ils voulaient dire :

Imaginons la France d’apprêt

Cela devient de suite plus cohérent : “La France n’est pas au mieux et on va lui mettre une bonne couche de plâtre pour que l’on oublie tout ce qu’on lui à fait subir ces dernières années”. Bon, c’est peut-être un peu extrème et l’interprétation souhaitée était peut-être plus dans le sens de la légalisation des talonnettes qui constitue une forme d’apprêt au sens large. Cela revient en effet à rajouter une couche pour être prêt à recevoir quelque chose qui nous donne une stature plus imposante et respectable.