Récemment, le Nouvel Observateur a réalisé un dossier intitulé “Internet en procès”. Ce dossier a semble-t-il été motivé par l’apparition de plus en plus fréquente d’informations qui font suffisamment de bruit sur Internet pour devoir être reprises par les médias classiques. Le dossier est intéressant mais l’avis des partisans d’un contrôle d’internet me fascine. L’éternel tentation de la censure est toujours bien présente. On peut certes comprendre qu’au vu des affaires récentes (Jean Sarkozy ou Frédéric Mitterand) une envie d’étouffer la contestation naisse dans l’esprit de certaines personnes.
Pour moi, cette envie est d’autant plus forte que la source de l’information n’a pas de visage, ou plutôt qu’elle n’a pas de visage identifiable. Twitter est l’outil par excellence de cette propagation virale et presque anonyme de l’information. Celle-ci se distingue complètement de ce qui se faisait dans les médias standards où tout finit par prendre un visage (le porte parole d’un collectif quel qu’il soit par exemple). Et s’il n’y a pas de visage c’est par un sondage (qui traite de réponses à des questions formulées par le média lui-même) que la voix du peuple s’exprime. Dans cette fabrication de l’information, la communication se fait toujours d’un individu identifié vers le grand nombre. Or, qui dit identification, dit possibilité de contrôle (par contre direct ou par pression par exemple) et c’est pour cela en bonne partie que les médias traditionnels n’effraient aucun homme politique.
Internet fait d’autant plus peur que 2009 a été l’année de l’émergence de Internet comme lieu politique. De nombreux événements ont été architecturés ou conditionnés par Internet :
- L’élection de Barack Obama qui a fait une campagne utilisant intelligemment les moyens offert par Internet
- La contestation en Iran (Internet intervenant notamment pour la diffusion des images et pour la synchronisation des manifestants)
- La manifestation anti-berlusconi du 5 décembre à Rome organisée par des blogueurs
Ces trois événements relèvent du champ de la politique mais Internet est aussi l’endroit de toutes les contestations. J’en tiens pour preuve que Rage Against The Machine a été le numéro 1 de Noël des charts anglais avec “Killing in the Name of” une chanson de 18 ans d’age. L’origine de ce fait inédit est une volonté d’échapper à la “dictature de X-factor” qui s’est matérialisé par un groupe Facebook dont la popularité a explosé en quelques jours. Là aussi, pas de leader charismatique de la contestation mais un intérêt commun qui se nourrit des contributions de chacun et renverse une institution (ici la programmation médiatique de la prise de la tête des charts par le vainqueur de X-factor). Cette histoire est certes anecdotique mais elle montre que l’influence des médias classiques (ici comme prescripteur) peut-être contrée par un mouvement né spontanément sur Internet.
L’équilibre des forces semble être sur le point de basculer. Internet a maintenant la potentialité de devenir une nouvelle agora globalisée, unique et multiple à la fois. Un lieu où une information plus fluide rend possible un échange des idées et un refus de l’arbitraire. Un lieu où des volontés particulières se concertent, se concentrent et font entendre leur voix. Un lieu où des “gus dans un garage” peuvent changer des lois.
GUG !